Depuis 2008, l’association Mobilisnoo œuvre pour défendre les droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transexuel(le)s (LGBT) au sein de France Télécom. Rodolphe Zygmont, son président, nous dévoile les objectifs de l’association et les actions mises en oeuvre…
Quels sont les objectifs de Mobilisnoo ?
Le premier objectif est militant. Il s’agit de défendre les droits des LGBT au sein de France Télécom et de détecter les cas d’homophobie qui pourraient survenir. Ce travail débouche sur un rapport annuel qui dresse l’état des lieux des LGBTphobies dans le groupe. L’association a aussi un objectif plus convivial, celui d‘offrir à ses membres des moments d’échanges. Lorsque l’on est homo, lesbienne ou trans, on se sent parfois un peu isolé au sein de son entreprise. Le fait de se rencontrer permet de mieux s’épanouir dans son travail. Nous allons aussi œuvrer pour la prévention du sida et la défense des droits des personnes affectées par le VIH, un thème qui est au cœur de toutes les associations de LGBT.
Quelles actions avez-vous mis en place ?
Sur notre site Internet, nous avons mis en ligne un formulaire qui permet aux salariés du groupe de signaler les cas d’homophobie dont ils auraient été victimes ou témoins. Nous travaillons également en bonne entente avec la direction de la diversité. Quand on lui remonte des cas d’homophobie, la réaction est toujours immédiate. Une fois, nous avions eu un problème de graffitis dans des toilettes. Le lendemain, tout avait été effacé. Dans des cas d’insultes, qui interviennent le plus souvent entre collègues, les personnes en cause sont en général convoquées par leur hiérarchie. Et lorsque ce n’est pas le cas, la direction de la diversité rappelle toujours aux managers qu’ils doivent intervenir, l’objectif étant de régler le problème en interne, avant que l’affaire ne soit portée en justice.
Quel état des lieux dressez-vous sur la question des droits des LGBT au sein de votre groupe ?
France Télécom applique la loi, mais sans plus. Sur le sujet, nous sommes moins en avance que des entreprises comme IBM où l’on parle ouvertement du sujet. Ceci étant dit, les choses avancent. Le 17 mai dernier, dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, nous avons fait une campagne d’affichage subventionnée par le comité d’entreprise. Le 8 octobre, la direction de la diversité a organisé un Rendez-vous de la diversité dédié à la question de l’orientation sexuelle en entreprise. C’était la première fois que l’on abordait aussi ouvertement ce sujet au sein du groupe. Nous avons d’ailleurs été invités à y participer. Nous avons pu présenter l’association et participer aux séances de questions-réponses, le tout ayant fait l’objet d’un film qui a été mis en ligne sur l’intranet et le site Internet. Le problème, c’est que pour trouver cette vidéo, il faut vraiment chercher car l’événement n’a pas été relayé par mail auprès de tous les salariés comme cela avait été le cas pour le Rendez-vous sur l’égalité hommes-femmes.
Comment expliquez-vous cette différence de traitement ?
On pense qu’il y a encore deux écoles à France Telecom. Vous avez des gens qui sont moteurs et volontaires pour faire avancer les choses, comme la direction de la Diversité. Mais il doit y avoir encore au niveau de la direction générale du groupe et en local des réticences à aborder le sujet.
Propos recueillis par Yves Rivoal
Source FocusRH