Comment les entreprises tentent de devenir « gay friendly »

AFP, Mise à jour : samedi 11 février 2012 14:34

 

Comment permettre à ses salariés d’assumer leur identité sexuelle au travail ? Les entreprises françaises s’emparent timidement du sujet avec un mot d’ordre: « parler, parler, parler » pour dépasser le malaise et les préjugés.

 

Drapeau de la communauté homosexuelle

 

« L’entreprise est encore un milieu essentiellement masculin, macho et hétérocentré », estime Christophe Falcoz, professeur à l’IAE de Lyon, spécialiste de l’homophobie.

 

Il y a les discussions à la machine à café où l’on parle des « pédés », les entretiens d’embauche où un « homo » est recalé parce qu’il « ne passera jamais auprès des clients » ou le « plafond de roses », le plafond de verre des gays, qui freine leur ascension professionnelle: l’association L’Autre Cercle pose le décor dans une série de vidéos sur son site.

 

Selon les estimations, les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) représentent entre 5 et 10% des salariés. Or une grande majorité (67%) ne souhaitent pas être visibles au travail « par crainte de conséquences négatives » pour leur carrière, selon une récente enquête de L’Autre Cercle.

 

Devant ce constat, certaines entreprises prennent des initiatives. Pas seulement pour lutter contre les discriminations, mais aussi parce que « le temps qu’un employé perd à dissimuler son orientation sexuelle, c’est du temps de travail perdu », confiait Jean-Louis Carvès, responsable diversité chez IBM, lors d’un débat sur le sujet organisé jeudi à Paris par IMS-Entreprendre pour la Cité.

 

La première étape est donc d’en parler car « le simple fait de prendre la parole fait que le sujet est dépassionné », note Laurent Depond, directeur de la diversité chez Orange.

 

Accompagner les employés en transition sexuelle

 

Mais ce n’est pas chose aisée car, sur ce sujet-là, tout le monde est gêné, à commencer par les syndicats, confie Mansour Zoberi, directeur de la promotion de la diversité chez Casino.

 

Alors les directeurs diversité misent sur la communication en diffusant des témoignages d’employés LGBT via des vidéos, le journal interne ou des newsletters.

 

A ce titre, la campagne de publicité de Mc Donald’s en 2009 – « Venez comme vous êtes » – a fait beaucoup de bien, remarque Jean-Michel Monnot, directeur de la diversité du groupe de restauration collective Sodexo.

 

Passé ce cap, les entreprises misent ensuite sur la formation, des managers notamment, afin de les sensibiliser à l’homophobie, répréhensible pénalement au même titre que le racisme ou l’antisémitisme.

 

Certaines, comme Orange ou IBM, rédigent également des codes de communication « responsable » à l’intention de l’entreprise comme des clients.

 

L’américaine IBM, qui s’est emparée du problème il y a 25 ans déjà, tente même d’accompagner ses employés en transition sexuelle. « Un salarié, qui commençait un traitement hormonal pour devenir une femme ne souhaitait plus être en contact avec la clientèle pendant sa transformation physique. Il a donc fallu lui trouver un job de transition. Aujourd’hui, elle a repris son ancien poste », rapporte M. Carvès.

 

Aider les personnes en transition à continuer à travailler est important, insiste Jérôme Beaugé, du collectif Homoboulot, car « bien souvent ils partent en maladie, pour dépression ».

 

Sur ces sujets les entreprises françaises ont beaucoup de retard. Sodexo s’en est saisi il y a cinq ans, Casino en 2005. Nombreuses sont les entreprises, dont beaucoup de PME, qui ne font rien.

 

Pourtant, se doter d’une image « gay friendly » est utile, pour vendre et recruter. « En Afrique, où l’homosexualité est très mal considérée, on mise sur le +gay friendly+ pour attirer des talents LGBT », explique-t-on chez Orange, très présent sur le continent africain.

 

http://news.fr.msn.com/m6-actualite/comment-les-entreprises-tentent-de-devenir-gay-friendly




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