Philippe Chauliaguet est porte-parole du Collectif Homoboulot et Président de l’association LGBT du Ministère des Finances, Comin-G.
» Votre expérience professionnelle vous en a sans doute donné la mesure : pour les personnels LGBT le milieu professionnel est difficile, c’est souvent le dernier rempart de la démarche de coming-out après les amis et la famille.
Le Travail subit des tabous, des clichés, même si notre société a commencé à évoluer sur certains sujets mais c’est un milieu pédagogique à plus d’un titre.
La LGBT-phobie est le ciment de l’autocensure qui en est le 1er signe.
Mon objectif est de faire communiquer les acteurs professionnels entre eux et quels qu’ils soient, hétérosexuels, lesbiennes gays, bi, trans, salariés, patrons, syndiqués, syndicalistes, chefs de services, directeurs des ressources humaines…Se connaître c’est déjà lutter contre les discriminations, parce que se connaître c’est faire tomber les préjugés, les tabous.
Le climat professionnel pousse à l’autocensure, au mensonge par omission, qui débouche souvent sur un calcul permanent et un mal être. Même si les témoignages attestent qu’il est dores et déjà possible de vivre ouvertement sans risque, nous ne sommes pas tous égaux devant cela.
Je suis privilégié, je n’ai jamais souffert d’une homophobie agressive, directement dirigée contre moi. Pourtant, j’étais très mal à l’aise à 26 ans quand mes collègues de travail m’ont posé des questions, pourtant anodines, sur la personne qui vivait avec moi. Je n’avais pas caché mon emménagement avec mon ami (terme judicieusement choisi à l’oral). Mes collègues avaient «naturellement» entendu «amie» et je n’ai pas pu démentir…trop difficile.
Le droit de ne pas se cacher au travail !
Pour ne plus se cacher au travail. »